Easy as a kiss we'll find an answer ...

Freedom

J'ai une pile de livres à lire. Dans 10jours je retrouve le rer et le métro, la pause repas au soleil et les mots dévorés. Je n'aimerais pas aller bosser en voiture tous les jours toute l'année, les livres me manquent trop, je lis bien moins chez moi. Mon lecteur mp3 se remplit de nouvelles chansons, de nouveaux artistes. Sans nostalgie. J'écoute la radio en allant bosser, je découvre des trucs. J'ai la chance de rouler en heures creuses, du coup, j'ai pas de blabla à la radio. Juste de la musique, sur les six stations programmées. Le pied. J'fais toujours pas trop attention. Je peste pour me garer. Je bénis mon par-choc en plastique. Et la taille de ma cli-yo. Je lutte pour ne pas rouler vite.

Je rentre tard, j'me couche encore plus tard, j'me lève tôt, je regarde la dernière saison de Scrubs dans mon lit, mon chat aime le clavier de mon eee-pc, j'allume des bougies, j'me crame les doigts, la salle de bain est trop chauffée, j'écris n'importe quoi, je bois de la vodka _{(avec Emilie)}, on rit pour rien, on danse, on mange des Skittles rouges. Mon Litchi a deux oreilles coupe-faim on sait pas si on met "ent" et on s'en fou. Demain, samedi, je vais voir les tatoueurs. J'ai envie de soleil aussi. Vivement la crèche.

J'passe pour une chieuse, je dis ce que je pense. Le travail, c'est toujours un peu pourri. Naoufel va moins mal. Il recule pour mieux sauter. J'passe du temps dans sa chambre. Dans l'unité des bébés. Mes p'tits lous. Je joue aux cartes avec les grands, je triche avec les préados, mais j'fais en sorte qu'ils me voient. Ils rigolent bien, je les laisse gagner des fois. Je gagne trois carambars au poker, la cadre m'informe qu'on n'apprend pas ça aux enfants. Ils rigolent, c'est eux qui m'ont appris. Je ne dis rien, je souris. Je chante en bossant, j'ignore une conne, elle va se plaindre. J'm'explique avec la cadre, la conne change de service. Je souris et je chante Goldman. Un ado vient m'aider et on rigole un peu. Atelier théâtre, des fous-rires que rien n'entache. Mais ça n'occupe pas mes huit heures de travail, il y a bien trop de moments creux. Il y a toutes les urgences, les larmes qui montent aux yeux et restent toujours bloquées, le trop-plein qui ne déborde pas. Les pauses cigarettes sans cigarette au soleil de 18h, les soignants autour qui rigolent en nous écoutant parler. On est pas sérieux quand on a 22ans. Charline dit des bêtises, j'ai du jus d'orange plein de bras, j'donne mon gâteau à une gamine qui sourit.

J'ai des mots qui débordent, parce que mes journées sont vides et pleines. Tout ne va pas bien, j'ai envie de partir et de ne pas quitter le service en même temps. Je sais que je ne les reverrais jamais. Je hais cet hôpital. J'ignore les nausées, je passe toujours devant cette salle. Aujourd'hui, il y avait une famille qui pleurait. Des parents et des grands-parents. Ma gorge nouée et Charline qui me trouve toute pâle. Chut. Je suis forte. Tout va bien.
Me changer dans l'ascenceur, encore. Le même ambulancier qui monte au 2ème étage et qui me reconnait : "décidémment!!". Il sourit, moi aussi.

J'me disais que ce serait cool si Anna Gavalda sortait un nouveau livre. Musso aussi. Et tant d'autres. Ouais, en fait. J'ai une pile de livres à lire, mais ce ne sera jamais assez.





_{Accepter qu'il y ait des choses que je ne puisse changer. Même quand c'est injuste.}

Ecrit par Kyrah, le Jeudi 2 Avril 2009, 23:53 dans la rubrique "Actualités".

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